Manuel Ferrara est un nom emblématique dans l’industrie du film pour adultes, reconnu non seulement pour ses performances devant la caméra mais aussi pour sa longue carrière marquée par des succès retentissants et des défis constants. Dans cette interview approfondie, Manuel partage son expérience, ses réflexions et ses anecdotes sur les transformations majeures qui ont touché l’industrie du porno au cours des dernières décennies. En tant qu’acteur et réalisateur, il a été témoin des changements radicaux, tant au niveau technologique qu’éthique, qui ont façonné l’industrie d’aujourd’hui.
L’un des aspects les plus fascinants abordés par Manuel Ferrara concerne l’évolution technologique qui a transformé l’industrie du film pour adultes. Dans les années 90, l’industrie reposait largement sur les ventes de DVD, qui représentaient la principale source de revenus. À cette époque, les grandes compagnies comme Vivid, Anabolic et Evil Angel dominaient le marché. Cependant, l’émergence de l’internet a bouleversé ce modèle économique.
Manuel explique que beaucoup de ces entreprises n’ont pas pris au sérieux le potentiel d’internet au début. Elles ont continué à miser sur les ventes de DVD, sous-estimant la rapidité avec laquelle le contenu en ligne allait se développer. Cette réticence à s’adapter a finalement conduit à la chute de nombreuses de ces compagnies, rachetées par des plateformes en ligne plus innovantes. Ces nouvelles entreprises ont su capitaliser sur la demande croissante de contenu accessible instantanément et à moindre coût, créant ainsi un nouveau paradigme pour l’industrie du porno.
L’évolution technologique ne s’est pas arrêtée là. Avec l’avènement du streaming haute définition, l’industrie a dû repenser sa manière de produire et de distribuer du contenu. Le marché est devenu plus compétitif, poussant les acteurs et réalisateurs à innover constamment pour répondre aux attentes d’un public de plus en plus exigeant. Manuel souligne que cette transition n’a pas été sans défis, mais elle a également ouvert de nouvelles opportunités pour ceux qui ont su s’adapter.
Outre l’évolution technologique, l’industrie du porno a également été confrontée à des défis majeurs en matière de piratage et de modération du contenu. Manuel Ferrara se souvient des premières années du streaming, lorsque les films pouvaient être copiés et mis en ligne illégalement presque instantanément après leur sortie officielle. Ce piratage rampant a non seulement nui aux revenus des producteurs et des acteurs, mais a également sapé la confiance des créateurs de contenu dans les plateformes en ligne.
Un autre problème majeur auquel l’industrie a dû faire face est la diffusion de contenu non consensuel, comme le « revenge porn ». Ce phénomène, où des vidéos privées sont partagées sans le consentement des personnes concernées, a soulevé des questions éthiques profondes et a attiré l’attention des régulateurs. Pour remédier à ces problèmes, les grandes plateformes ont dû renforcer leur modération et mettre en place des mesures strictes pour vérifier l’identité des uploaders. Visa et Mastercard ont même menacé de suspendre leurs services pour certaines plateformes si elles ne se conformaient pas à ces nouvelles régulations.
Manuel raconte comment cette pression a obligé l’industrie à évoluer une fois de plus, en adoptant des pratiques plus transparentes et éthiques. Les plateformes ont été contraintes de supprimer des millions de vidéos non vérifiées et d’imposer des procédures de validation plus rigoureuses pour tout nouveau contenu. Ces changements ont été essentiels pour rétablir la confiance des utilisateurs et des partenaires financiers, mais ils ont également créé de nouveaux défis pour les créateurs de contenu, qui doivent maintenant naviguer dans un environnement beaucoup plus réglementé.
Un autre sujet sensible abordé par Manuel Ferrara est l’exploitation de jeunes apparences dans le porno. Il exprime un profond dégoût pour les contenus mettant en scène des actrices qui paraissent très jeunes, voire mineures. Manuel estime que ce type de contenu envoie un mauvais message et attire une audience qui peut avoir des intentions malsaines. Il explique qu’il a refusé à plusieurs reprises de tourner avec certaines actrices parce qu’elles semblaient trop jeunes ou parce que le concept même de la scène le mettait mal à l’aise.
Cette prise de position est révélatrice de l’éthique de travail de Manuel Ferrara. Contrairement à certains acteurs qui acceptent de tourner n’importe quelle scène pour des raisons financières, Manuel a toujours privilégié des choix qui reflètent ses valeurs personnelles. Il estime que l’industrie doit être responsable du type de contenu qu’elle produit et diffuse, et il milite pour des pratiques plus éthiques et respectueuses des acteurs impliqués.
En outre, Manuel critique également l’impact que ces contenus peuvent avoir sur les jeunes spectateurs, qui ont aujourd’hui un accès beaucoup plus facile à la pornographie via internet. Il souligne l’importance d’une éducation sexuelle plus complète qui inclut une discussion sur la pornographie, afin que les jeunes puissent comprendre que ce qu’ils voient à l’écran n’est pas la réalité.
L’industrie du porno n’est pas seulement exigeante sur le plan physique, mais elle pose également des défis considérables en matière de santé mentale. Manuel Ferrara aborde le sujet sensible de l’usage de drogues dans l’industrie. Il reconnaît que certains acteurs ont recours à des substances pour améliorer leurs performances ou pour supporter les longues heures de tournage. Cependant, il condamne fermement cette pratique, affirmant qu’elle peut avoir des conséquences dévastatrices sur la santé à long terme.
Manuel insiste sur l’importance de prendre soin de son corps et de son esprit. Avec l’âge et l’expérience, il a appris à écouter son corps et à refuser de tourner lorsqu’il sentait que la scène ne se déroulerait pas bien. Il raconte des anecdotes où il a dû interrompre un tournage parce que l’actrice n’était pas à l’aise ou parce que les conditions ne permettaient pas de produire une scène de qualité.
Il évoque également les blessures physiques qui peuvent survenir lors des tournages. Parfois, ces incidents sont mineurs, mais ils peuvent aussi être suffisamment graves pour interrompre la production. Manuel raconte comment il a dû terminer une scène difficile après s’être blessé, en utilisant des techniques pour minimiser la douleur et finir la journée de travail.
Enfin, Manuel Ferrara partage des anecdotes personnelles qui illustrent les défis uniques de sa carrière. L’une des histoires les plus marquantes concerne une scène de vampire qu’il a tournée sous la direction de John Stagliano. Bien que les scènes de sexe aient été exceptionnelles, Manuel se souvient d’une scène d’exorcisme qui l’a profondément mis mal à l’aise. Il explique que, malgré son engagement professionnel, il est parfois difficile de séparer le travail des émotions personnelles, surtout lorsque le contenu est particulièrement intense ou dérangeant.
Manuel aborde également les difficultés qu’il a rencontrées en travaillant avec des actrices qui ne souhaitaient clairement pas être sur le plateau. Ces situations l’ont poussé à reconsidérer son approche du travail et à mettre en avant le consentement et le confort des actrices comme priorités absolues. Aujourd’hui, il refuse systématiquement de tourner avec des partenaires qui ne sont pas pleinement engagées ou qui montrent des signes de détresse.