Derrière les caméras, des parcours et des choix

Dans un monde où la sexualité est tantôt fantasmée, tantôt stigmatisée, l’émission « Tartine de Vie » de Ben Nevert avec Lola Bellucci et Omar Mebrouk nous offre une plongée unique dans les coulisses du cinéma X et des représentations sexuelles à l’écran. Entre anecdotes de tournage, réflexions sur la performance, gestion de carrière et récits d’expériences intimes, cet épisode croise les regards d’une actrice X en plein essor et d’un comédien habitué des tournages classiques. Tous deux ont en commun d’avoir joué des scènes de sexe, mais dans des contextes radicalement différents.

À travers cette discussion sincère et sans fard, c’est toute la complexité du travail du corps, du jeu d’acteur et de la représentation de la sexualité qui est mise en lumière. Entre fantasmes et réalité, choix artistiques et éthique personnelle, « Tartine de Vie » révèle ce que l’on ne voit jamais : l’envers du décor.

Lola Bellucci : actrice X et entrepreneuse du plaisir

Un début fulgurant dans l’industrie. En seulement un an, Lola Bellucci a su s’imposer dans le milieu du X français, notamment grâce à ses collaborations avec Dorcel. Contrairement à d’autres actrices, elle a pu éviter les mauvais plans et les expériences douteuses, en intégrant directement une production structurée et éthique. Elle souligne l’importance d’avoir des règles personnelles, et assume totalement ses choix.

Entre indépendance et contact direct avec le public, Lola gère aussi ses propres plateformes privées comme OnlyFans et Mym. Cette indépendance lui permet de créer le contenu qu’elle souhaite, d’interagir directement avec ses abonnés, et de garder le contrôle sur son image. Elle évoque l’importance de la régularité, de la créativité et du professionnalisme pour réussir dans un milieu qui exige autant qu’il expose.

Omar Mebrouk : acteur, réalisateur, performeur

Du théâtre à la scène de sexe. Omar, comédien reconnu, a vécu sa première scène de sexe à l’écran avec une appréhension palpable. Il raconte la difficulté de tourner des séquences aussi intimes entouré d’une équipe technique, et la peur de paraître déplacé ou gêné. Pourtant, l’expérience, bien préparée et cadrée, s’est révélée enrichissante.

Des choix de carrière guidés par l’exigence. Omar évoque une règle simple : pour accepter un projet, deux des trois critères suivants doivent être remplis — rémunération, ambiance, ou intérêt artistique. Ce positionnement l’aide à faire des choix alignés avec ses valeurs et à refuser des rôles qui ne lui apporteraient rien, même s’ils sont bien payés.

Représenter le sexe : entre fiction, fantasme et réalité

Les scènes de sexe à l’écran : du faux… très réel. Que ce soit dans le X ou dans le cinéma traditionnel, les scènes de sexe relèvent de la performance. Pour Lola comme pour Omar, ces séquences sont très encadrées, parfois même chorégraphiées. La différence majeure reste le degré de simulation. Omar explique avoir utilisé des stratagèmes pour cacher son anatomie, tandis que Lola vit l’acte sexuel de manière explicite, mais toujours avec professionnalisme.

L’équilibre entre érotisme et acting. Lola évoque avec fierté son rôle principal dans un film Dorcel où l’acting prenait le dessus sur le sexe. Elle souligne combien il est rare dans l’industrie X que le jeu d’acteur soit aussi mis en valeur. C’est pour elle une manière de prouver qu’être actrice X ne se limite pas à la performance sexuelle, mais implique aussi un vrai talent d’interprétation.

Préparer, consentir, encadrer : la logistique du plaisir

Des tournages millimétrés et éthiques : La discussion met en lumière l’organisation rigoureuse des tournages Dorcel. Les tests de dépistage sont obligatoires, présence d’une coordinatrice d’intimité, contrats clairs, respect des limites de chacun. Cette transparence est un élément clé qui rassure les acteurs et actrices et renforce leur sentiment de sécurité.

Accepter ou refuser un rôle : une question de valeurs. Lola raconte avoir refusé des tournages pour des raisons de valeurs, de conditions ou de rémunération. Elle affirme que même dans l’industrie X, l’intégrité compte. Il ne s’agit pas de faire tout pour l’argent, mais de défendre son image, sa dignité et ses envies.

Du fantasme à la gêne : la frontière invisible

Tourner une scène de sexe, ce n’est pas faire l’amour. Omar insiste sur le fait qu’une scène de sexe à l’écran, aussi réaliste soit-elle, n’a rien d’intime. La présence de l’équipe, les contraintes techniques, le manque de spontanéité brisent toute magie. La gêne est possible, et même une érection peut devenir problématique. Il faut donc savoir gérer son corps dans un cadre très codifié.

Le regard des autres : entre tabou et fierté. Tous deux évoquent le regard du public : entre fascination, jugement ou curiosité maladroite. Être exposé dans des scènes intimes génère toujours des réactions, mais aussi une forme de reconnaissance pour leur professionnalisme. Ils rappellent que jouer une scène de sexe n’est pas un acte anodin, mais un vrai travail d’acteur.

Vers une vision plus humaine du plaisir à l’écran

Cet épisode de « Tartine de Vie » brise les frontières entre deux mondes souvent opposés : le X et le cinéma traditionnel. Il montre que la performance sexuelle, qu’elle soit simulée ou réelle, repose sur les mêmes fondamentaux : respect, préparation, écoute et engagement.

Lola Bellucci et Omar Mebrouk, chacun dans leur domaine, incarnent une nouvelle génération de performeurs : conscients, professionnels, et profondément humains. Leur dialogue nous invite à repenser la sexualité à l’écran, non pas comme un objet de consommation, mais comme une expression artistique à part entière.